DOSSIER: Bonheur et résilience

Le bonheur au gré de la vie, conférence de Ilios Kotsou, Namur, 10 octobre 2018

Résumé par Isabelle LOSSEAU et Ginette THIRAN

Le bonheur, c’est une attente que nous avons et cette attente ne semble jamais finir. « Si on bâtissait la maison du bonheur, la plus grande salle ce serait la salle d’attente ! ».

Le malheur vient d’un manque de quelqu’un, de quelque chose, de chaleur humaine. C’est un manque qui n’a pas été comblé ou surmonté !

Le bonheur est un sentiment de plénitude, de lien, de partage, de cohérence malgré les difficultés.

Être heureux, c’est se sentir la bonne personne, à la bonne place, au bon moment.

Comment cultiver ce sentiment de plénitude ?

1. Je dois observer le monde tel qu’il est.

Il est important de comprendre qu’au temps T, on n’a pas le choix (exemple : à ce moment ou je suis assis sur ma chaise, je n’ai pas le choix d’être ailleurs, avant j’ai eu le choix de venir et j’aurai le choix de repartir après …). Mais la lucidité de regarder là où on est est une des choses les plus difficiles et pourtant indispensables pour être heureux.

Notre mental juge plutôt qu’il n’observe. Exemples : un conducteur fantôme entend une annonce d’un conducteur fantôme et s’exclame, mais enfin il y a une foule de conducteurs fantômes ! Ou un homme qui trouve que le linge de la maison d’à côté est vraiment gris… jusqu’au moment où il nettoie la vitre par où il regarde.

Krisnarmuti a dit : « observer les choses comme elles sont est la plus haute forme d'intelligence ».

2. Comment ne pas transformer les difficultés de la vie en catastrophe ou en souffrance ?

Quand on est dans la tempête, on lutte contre soi-même (exemple quand on est dans des sables mouvants, plus on se débat, plus on s’enfonce, il faut plutôt s’allonger).

On n’a pas le choix d’éviter des douleurs physiques et pour les douleurs morales, on peut éviter qu’elles ne deviennent souffrance. La douleur est multipliée par la résistance. Si on lutte contre la douleur, elle prend toute la place. Comment puis-je vivre avec la douleur ? En l'acceptant, en identifiant l'émotion qu'elle suscite en nous et en mettant des mots dessus. Il faut apprendre à vivre avec.

Quand on a un problème, l’horizon se réduit et on devient autocentré; si on résiste, notre monde se réduit à ce problème et on n’est plus présent au monde. Je dois tenter de transformer le problème (qui me concerne) en difficulté (qui peut être là sans prendre toute la place).

3. Il y a des choses qui sont injustes et qui choquent, mais nous ne pouvons rien faire. Je peux agir là où je suis mais je ne suis pas maître du fruit de mon action. Et ce qui est important, ce n’est pas le fruit de mon action, c’est mon action elle-même.

Pour ce monde qui ne va pas bien, il faut agir mais en gardant les bras ouverts. C’est la raison pour laquelle il est important de faire de la politique dans le sens d’une organisation de la ville (Polis), de la cité, bref de la Vie en société. Il faut agir de façon personnelle et locale en mettant l’énergie au bon endroit.

Je dois aussi regarder en moi ce qui est zone d’ombre et que je voudrais essayer de ne pas cultiver. Il faut apprendre à porter son regard vers le clair et tourner son regard sur ce qui va bien. Mettre son énergie à sauver le monde sans penser à soi, c’est délétère

4. Nous vivons à tort comme si nous n’allions jamais mourir, mais je suis locataire à durée indéterminée de mon corps, et je dois en prendre soin. La contemplation est une façon de prendre soin de soi.

Contempler quand tout va bien ou moins bien, contempler avec amour c’est prendre une forme d’attention aux gens qu’on aime.

L’amour c’est ce que je fais, c’est ma manière d’être. L’amour ne dure qu’un moment, mais ce moment et inépuisable.

Les émotions vont et viennent, mais ce qui est important c’est ce que je fais avec un regard différent.

L’importance de la respiration : c’est une amie fidèle qui ne nous laisse pas tomber et qui nous aide à aller mieux si nous respirons comme il faut en prenant conscience de ce que nous faisons.

5. Ce qui nous tient en vie est en relation avec d’autres, avec la nature. Le lien, c’est l’interdépendance. Quand je suis en cohérence, mes actions sont leur propre récompense. Comment puis-je incarner ce que je veux, à partir de ce que je vis, et créer de bons liens avec ceux que j’aime ?

Ilios Kotsou termine sa conférence par une citation de Comte-Sponville

« La voie du bonheur, c’est regretter un peu moins, espérer un peu moins, et aimer un peu plus. »

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