Lu pour vous

Maurice Bellet, Translation, Bayard, 252 pages.
Par Monique Gilles
Essayer de vous faire partager le dernier livre de Maurice Bellet, Translation, c'est comme vouloir capter les eaux d'un torrent dans un petit seau à usage domestique.
Et pourtant, la vie quotidienne y est présente à chaque page pour les assoiffés d'eau vive. La langue est métaphorique, pléthorique et parfois psychanalytique : images puissantes, répétitions didactiques, paroles crûes, pleines d'exigences et d’espérance : « Ce qui va se creuser jusqu'à l'infini, c'est l'écart entre une humanité fragile, menacée, tombée et la présence en elle d'une puissance de vie infinie, débordante, arrachant toute mesure, tuant la mort et la destruction. » (p.106)
Ce nonagénaire nous entraîne de la rive des croyances et des certitudes bafouées jusqu'à ce nouvel espace digne des aspirations de chacun. La traversée est périlleuse, rien n'est épargné des tourments contemporains, de la violence absolue, des menaces, de l'immense détresse humaine jusqu'aux tourments de l'âme tout aussi mortifères.
Comment vivre en êtres de désir, de question et d'amour en préservant ce qui fait de nous des humains dignes de bonheur, de paix et de justice. Les chemins de grande randonnée ne sont pas de tout repos mais gardons présents les dons indéfectibles de l'Esprit.