Billet d'humeur

Billet (d'humeur - d'humour)
Par Nicole Dehan (Commission migrations)
Il faut prendre les transports en commun (trams, bus) sur certaines lignes à Bruxelles.
Là, vous expérimentez « in situ » ce que « vivre ensemble » veut dire.
Je vous donne un exemple :
l'autre jour, « mon » bus est bondé, riche de populations diverses – des jeunes, des vieux, des voilées, des décolletées, des « in », des « off », ... et moi, jeune séniore* !
A un carrefour, le chauffeur, très prudent, bloque sur place pour éviter un obstacle.
Les voyageurs perdent pied dans tous les sens du terme.
D'abord des bousculades, puis des cris, un landau à la dérive, des pieds écrasés.
Des noms d'oiseaux, des grossièretés et même des propos racistes volent tous azimuts. (Il y en a trop, qu'ils rentrent chez eux !). Ça dérape à l'intérieur comme à l'extérieur !
Moi, je suis perplexe. Qu'est-ce que je fais ?
Il faut calmer les esprits. Or, les excités cherchent une confirmation de leurs propos. (n'est-ce pas, Madame ?) Ai-je l'air honnête ou partisane, trop blanche ou trop chic ?
Appuyer les uns, c'est se mettre les autres à dos et inversement.
Je fais appel à toutes les ressources que des années de formation, de sessions, de week-ends de réflexion sur l'interculturalité ont amassées en moi.
La théorie, je la connais mais là, il faut passer à la pratique.
Ce jour-là, j'ai eu envie successivement de ... chanter, de ... réciter un poème, de ... prier à haute voix ou de ... sortir.
En cas de violence, dit-on à l'Université de Paix, il faut poser un acte « décalé », incongru. Je ne vous dirai pas ce que j'ai décidé de faire. C'est mon histoire mais j'étais assez fière de moi !
Vive les transports en commun et merci à la STIB pour ce concentré d'humanité !
*nouvelle orthographe