Dossier - "Pour éduquer à la responsabilité"

Repères sur le chemin

Par Monique Gilles

 

« Ils sont beaucoup pour dire qu'il y a eu des jours meilleurs et pleurer... comme pleure le temps à travers les saules... nous ne sommes ni le temps ni les saules. Nous fêtons ce moment qui s'agrandit » Guillevic

Être en vacances, c’est peut-être aussi rassembler ses idées en bonne compagnie…

Notre existence peuplée de multiples bouleversements, d’espoirs, d’échecs et de succès, d’adaptations, de deuils, cette existence est appelée à de nouveaux changements urgents !

Comment transformer les informations multiples et variées en convictions susceptibles de nous ébranler ? Quelles pistes nous sont réellement ouvertes ?

Toutes ces questions, nous nous les posons, dans la solitude, en famille, en associations. Elles ne sont pas neuves et nous aimerions les voir aboutir, ne fût-ce que ponctuellement, dans notre réalité quotidienne. « Ce ne sont pas les grands idéaux, les idées excellentes ou les prédications enflammées qui créent la communion entre personnes différentes, mais plutôt les attitudes quotidiennes » (Panorama)

Première approche : merci Christophe André de nous rappeler quelque sagesse.

  • « Si nous portons trop de tristesses en nous, il sera difficile de ressentir la joie et l’élan nécessaires à la compassion. »
  • « Comment faire venir un monde plus doux, sans que ce soit un monde mou qui renonce à changer et à évoluer ? »
  • Et en même temps : « prendre le temps d’être pris aux entrailles. » « Etats d’âme ou un apprentissage de la sérénité »…

J’entends « émotion » et « sérénité », « douceur », « joie », « entrailles ». Difficiles à concilier lorsque nous sommes confrontés quotidiennement à la succession des nouvelles des plus alarmantes, aux premiers effets dévastateurs du changement climatique annoncé, aux inégalités sociales les plus scandaleuses, en passant par les « indignations » des jeunes et moins jeunes générations.

Alors je me tourne vers un autre auteur, Maurice Bellet : « Peut-on esquisser la juste conduite en ces lieux-là où les repères ont disparu ? Par l'humilité...

L'humilité ne juge pas, elle ne méprise pas. Si elle parle, si elle conseille ou conforte, c'est toujours d'abord par cette écoute qui ôte à la parole tout refuge commode. Elle interdit toute satisfaction prétentieuse, mais elle interdit avec la même force ce découragement qui vient de la déception de n’être pas ce qu'on prétend être.

L'humilité veut qu'on travaille à voir clair ; pas seulement l'humilité, mais le juste goût de la vie. La vérité ne se trouve pas dans les livres ou les cours ou les conseils, même si tout peut y servir. Le travail de vérité est chaque fois celui que chacun fait pour tracer sa propre voie. »

Jean-François Grégoire va nous aider à poursuivre cette interrogation.

Changer de vision (La Libre Belgique – Pâques 2012)

« On peut se relever de tout, même de l’oppression la plus dure, même du mensonge, de l’injustice, des préjugés, même de la mort « Lève-toi et marche ».

À Pâques, il s’agit de souligner l’espérance folle de rendre gloire au Dieu de la vie, au Dieu d’amour, en renouant avec la position debout qui dit la dignité de l’homme, sa vocation de poète ou si l’on préfère de créateur…

Pâques, c’est choisir de mettre ses pas dans ceux du ressuscité autrement dit de cet homme là qui n’a pas hésité à porter la contradiction jusqu’au cœur des systèmes, qui ne supportent pas de remettre leur logique en question quand même elle s’avère, fût-ce tendanciellement inhumaine, indigne de l’homme. »

Porter la contradiction sans mollesse, sereinement, mais pris aux entrailles, avec ferveur pour la dignité de l’homme ! Tâche possible ?

Plutôt que de nous rappeler le bilan des centaines d’ONG, fondation et asbl à caractère humanitaire ou environnemental (Aide et solidarité – supplément 21/12/11 – LLB) où chacun peut retrouver des traces de son engagement… je vous raconte ce qui peut se passer parfois, quelque part. http://sockmobevents.org.uk/

Dans cinq quartiers londoniens connus, une association propose aux touristes une visite, guidée par un SDF.

Ces guides racontent le passé à la fois culturel de ces lieux mais aussi celui dont eux seuls ont connaissance et pour cause… c’est là qu’ils ont appris à survivre.

Les visiteurs qui n’aiment pas croiser le regard des personnes qui vivent dans les rues établissent un lien avec eux, les sans-abri se responsabilisent et retrouvent confiance en eux perdue il y a longtemps. Le touriste paye, le guide touchera la presque totalité de la somme, le reste ira à l’association afin de former d’autres sans-abri à la tâche.

Changer notre vie, c’est changer notre regard sur nous mêmes avec tendresse et transparence. Alors nous pourrons changer notre regard sur le monde où tout reste à faire.

 

Archive: 
Archivé